Nous voici à quelques jours du
premier tour de l’élection présidentielle française. Celle-ci est très
particulière, et contrairement aux alternances droite-gauche qui existaient jusque-là,
le pays est aujourd’hui dans une situation imprévisible.
Il est clair que Benoît
Hamon, le candidat socialiste, n’arrivera pas au second tour. Nous nous en
réjouissons : le PS, parti historique de la social-démocratie, est
descendu plus bas que tout durant les cinq dernières années. Les réformes
contre nos droits, les guerres à l’étranger et l’intensification de la
répression ont montré le vrai visage de ce parti. Même avec un candidat marqué
« à gauche », le PS est au bord de l’explosion, ses soutiens
s’effondrent.
Quatre candidats sont
aujourd’hui au coude à coude dans les sondages, et il est important d’expliquer
ce qu’ils représentent, quelles sont leurs différences et quelles sont leurs
similarités.
François Fillon est le candidat de la droite
et du centre, il représente la droite catholique, conservatrice, méprisant
ouvertement les classes populaires. Tout son personnage a été construit sur une
image d’homme intègre, maintenant torpillée par les scandales à répétition.
François Fillon veut être le Thatcher français : il représente la reprise
en main autoritaire des affaires par la bourgeoisie. Son programme est celui du
« blitzkrieg » économique, il considère qu’il faut détruire les
droits des prolétaires le plus rapidement possible pour remettre la France au
travail en écrasant toute contestation.
Pour la droite, cette élection
venant après un quinquennat socialiste désastreux semblait imperdable.
Pourtant, les affaires et la montée d’Emmanuel Macron ont sérieusement mis en
danger la campagne de François Fillon. Le fait qu’il tourne autour de 20%
d’intentions de vote indique qu’une fraction conséquente de la bourgeoisie
catholique (notamment issue des « manifs pour tous » homophobes)
continue de le soutenir, espérant placer ses pions dans le parti Les
Républicains.
Emmanuel Macron pour sa part présente en
apparence un projet beaucoup plus moderne que François Fillon. Jeune, se
plaçant au-dessus du clivage droite-gauche, il représente les « jeunes
cadres dynamiques », le visage souriant du libéralisme. Pourtant, son
projet n’est pas très différent de celui de François Fillon, surtout dans le
domaine économique. Emmanuel Macron est un pur produit de la situation
actuelle : face à un PS en pleine décomposition et une droite en crise, il
incarne une synthèse pour attirer les déçus des deux camps. Il s’agit d’une
opération de marketing, dans la droite ligne de François Hollande ou d’Alain
Juppé, mais en plus présentable. Emmanuel Macron soutient comme les
autres candidats l’impérialisme français, la logique de guerre dans et hors des
frontières.
Jean-Luc Mélenchon et son mouvement, la France
insoumise, travaillent à reconstituer un pôle social-démocrate capable de
mobiliser les masses. Ce mouvement bénéficie d’une forte dynamique. Pourtant,
au-delà des propositions réformistes autour du projet de « VI°
République », Jean-Luc Mélenchon défend une ligne social-chauvine. Il
considère que la France doit être « installée » sur les 5 continents
défend l’impérialisme français (dont son ami, le vendeur d’armes Dassault), la
présence militaire dans les colonies, le roman national. Par rapport aux
élections de 2012, son discours est encore plus centré sur la nation, et encore
moins sur la classe sociale.
Le responsable de tous nos
malheurs serait l’Allemagne, ou l’Union européenne, jamais la bourgeoise.
Jean-Luc Mélenchon représente une petite bourgeoisie social-chauvine, et en
particulier l’aristocratie ouvrière qui fait le pari d’une défense chauvine de
ses intérêts.
Enfin, Marine Le Pen incarne la tendance la plus réactionnaire de la
bourgeoisie. Son parti, le Front National, est le principal représentant
de cette tendance fasciste en France. Son programme correspond d’ailleurs au
fascisme historique : soutien à la bourgeoisie industrielle, guerre à
l’extérieur, division du peuple, encadrement militaire des prolétaires, glorification
de la nation conquérante. Le discours « social » et
« souverainiste » du FN vise à désarmer les classes populaires et
doit être démonté et combattu sans relâche. Le projet de Marine Le Pen est
celui d’une dictature terroriste de la bourgeoisie : s’il est fort
probable qu’elle se qualifie pour le second tour mais peu probable qu’elle
arrive au pouvoir en 2017, son camp se renforce progressivement, profitant des
logiques électorales pour rassembler les déçus des autres partis. Les dernières
déclarations racistes et négationnistes de cette candidate montrent que rien
n’a changé dans son projet.
Le FN s’est renforcé tout au
long des dernières années, il impulse des initiatives dans tous les secteurs de
la société. Il s’est assuré le soutien de la police, de parties importantes de
l’armée, et perce dans l’éducation, chez les hauts fonctionnaires, dans
l’université. La bourgeoisie fait de plus en plus ouvertement le choix du
fascisme pour stabiliser un régime s’effondrant petit à petit.
Nous constatons donc que les
révolutionnaires avaient vu juste en 2012, en affirmant que l’inévitable chute
du PS entraînerait une crise politique qui renforcerait le social-chauvinisme
et le fascisme. Aujourd’hui, les principaux candidats représentent différents
groupes sociaux, mais in fine, ils servent tous les intérêts de la bourgeoisie
impérialiste en proposant différentes options stratégiques pour « sortir
de la crise ».
Trois de ces candidats
défendent ouvertement le recours à la guerre et la destruction de nos
droits ; le quatrième, Jean-Luc Mélenchon, tente de séduire les
prolétaires, mais il incarne la même tendance.
Aucun candidat n’ouvre la voie
à une prise en main des affaires du peuple par le peuple. Aucun ne met un frein
à la tendance à la guerre. Aucun candidat ne peut nous représenter, aucun ne
peut éviter ni même ralentir la progression du fascisme et l’aggravation de la
crise que nous traversons. Même leurs postures « antisystèmes » sont tristement
semblables. Leurs programmes se ressemblent, se complètement, sans proposer de
solution aux priorités du moment : la socialisation de l’économie, l’arrêt de
l’écocide capitaliste, la fin des guerres impérialistes, la mise en place d’une
société juste, où chaque personne a sa place.
Que faire ? Voter ?
Sûrement pas ! Nous voulons incarner un pôle
solide, et proposer une vision positive, pour la dignité du peuple, pour la
résistance et la révolution. Contre le désespoir, le fascisme et
l’impérialisme. Personne ne le fera à la place de la classe ouvrière et des
masses populaires.
Il est donc nécessaire de
développer la campagne de boycott des élections de 2017, de saboter partout la
légitimité des présidentielles, pour ouvrir la voie à la Guerre Populaire de
demain, seule solution du prolétariat pour faire face à la guerre de la
bourgeoisie et lui arracher le pouvoir.
Toutes et
tous dans la rue le soir du premier tour !
Boycottons
les élections, préparons la Guerre Populaire !