Un an de la mort d’Adama Traoré
07/19/2017
Cité des Hauts Toupets à Vauréal
Le
19 juillet 2016, le jour de son anniversaire, Adama Traoré meurt
asphyxié lors d’une interpellation par les gendarmes de Beaumont. Très
vite, la « justice » bourgeoise nie le crime des gendarmes et le
procureur de la République déclare qu’Adama a eu un « malaise
cardiaque » suite à une « infection très grave » rajoutant même qu’il y
avait des « traces de cannabis » dans le sang d’Adama afin de rejeter la
faute sur la victime. Face à une famille unie et des proches solidaires
qui réclament justice pour leur fils, frère ou ami depuis un an, le
rouleau-compresseur de la justice bourgeoise n’a cessé de multiplier les
intimidations pour les faire taire et étouffer l’affaire du meurtre
d’Adama Traoré.
Plaintes,
arrestations, gardes à vue, incarcérations et menaces font partie du
quotidien de la famille Traoré et de leurs proches depuis la mort
d’Adama. En décembre, c’est Bagui Traoré, frère d’Adama, qui est
condamné à 8 mois d’emprisonnement avec maintien en détention et deux
ans d’interdiction à Beaumont sur Oise. Lui et son frère, Youssouf,
doivent également dédommager les gendarmes, au total de 7 400 euros !
En
mars, Yacouba, Cheikne, Dooums et Youssouf sont interpellés par les
gendarmes de Beaumont. Cheikne Traoré est alors interpellé à 6h du matin
par deux gendarmes en civil qui s’étaient postés dans le bus qui le
conduisait au travail. Appuyés par dix autres de leurs collègues qui ont
fait arrêter le bus en hurlant sur un rond point. Un dispositif
policier digne de l’arrestation d’un chef de grand-banditisme qui permet
de criminaliser Cheikne Traoré mais également de maintenir les
habitants des quartiers populaires dans la peur des représailles.
Dooums, ami d’Adama et jeune rappeur qui avait fait un morceau en hommage à son ami, est condamné à 15 mois de prison fermes et deux années d’éloignement de Beaumont. Le jeune homme était en réinsertion, venait d’avoir son permis et se préparait pour une formation de brancardier en septembre 2017. Yacouba a également été condamné à deux ans d’interdictions à Beaumont ainsi que 18 mois fermes de prison.
Aujourd’hui,
ce sont donc deux membres de la famille Traoré, Bagui et Yacouba, qui
sont encore en prison ainsi qu’un des amis d’Adama, Dooums, alors que
les gendarmes qui ont tué leur frère et leur ami sont toujours en
liberté, en exercice et n’ont pas été mis en examen !
Plus
récemment encore, Cheikne Traore, a été mis en GAV dès 5h40 pour
« outrage ». La maire de Beaumont, Nathalie Groux, l’accuse d’outrage à
son encontre le 22 juillet 2016, soit 11 mois plus tard ! Il faut noter
que dès le début Nathalie Groux, maire UDI de Beaumont, a affiché son
soutien à la gendarmerie et n’a eu comme seul dialogue la répression.
Peu
après encore, une seconde plainte a été déposée contre Yacouba qui a
été sorti de la cellule où il purge sa peine pour l’informer qu’il est
accusé de dégradation sur la gendarmerie de Beaumont-sur-Oise le soir de
la mort de son frère pour avoir mis son pied dans la porte pour
l’empêcher de se fermer et obtenir des informations !
Malgré
ces intimidations et menaces, la famille Traoré et leurs proches, n’ont
pas plié et grâce à une très forte mobilisation et un travail important
d’Assa Traoré, la sœur d’Adama Traoré, la famille a obtenu une
contre-expertise. Cette contre-expertise a confirmé, début juillet 2017,
qu’Adama est bien mort d’asphyxie et non pas d’infection. Cette
contre-expertise montre bien que le procureur de la République a menti
pour protéger les gendarmes. Si Assa Traoré et les autres membres de la
famille d’Adama n’avaient pas lutté et fait face aux pressions de la
justice, jamais ce résultat de contre-expertise n’aurait été trouvé, ni
publié et l’affaire aurait été étouffée. Combien de familles de victimes
sont dans ce cas ? Combien n’ont pas eu le temps et la force de se
livrer, en plein deuil, dans un combat face au rouleau-compresseur de la
justice bourgeoise et ont dû accepter que les assassins de leur enfant
ou frères et sœurs soient innocentés ?
La
solidarité et la mobilisation importante de la famille, des amis
d’Adama et des habitantes et habitants du quartier de Boyenval qui s’est
établie cette année à travers des discussions, des matchs de foot à
Boyenval mais aussi des rencontres dans d’autres quartiers a montré que
les quartiers populaires pouvaient s’unir dans la lutte et a aidé la
famille Traoré à ne pas plier face à la justice bourgeoise.
Depuis
le meurtre d’Adama par les gendarmes, les quartiers populaires, en
moins d’un an, compte de nombreuses nouvelles victimes de crimes
policiers dans le contexte particulier d’état d’urgence. Il y a
notamment eu Jean-Pierre Ferrara, Théo, Liu Shaoyo, Angelo, Curtis,
Jérôme Laronze, violé ou assassinés par des policiers qui continuent
tranquillement d’exercer leur fonction, protégés par la justice qui
étouffe les crimes.
Et
ces derniers temps, sans surprise pour l’été, les violences policières
n’ont fait qu’exploser au moment où Macron et son gouvernement prévoit
via leurs ordonnances pour la rentrée un « nouveau projet de loi
anti-terroriste » qui n’est autre qu’un état d’urgence que pourra
utiliser l’Etat français sans justification et en pire. Des morts ou de
graves blessés et humiliés, la liste des victimes s’est allongée avec
Elvis, Whaid, Akram, Yassine, Foued et tout juste récemment Marina à
Mantes-la-Jolie, pour ceux qui ont pu être un minimum médiatisés sur les
réseaux sociaux.
Comme
Assa Traoré le dit, pour faire changer cette situation où l’Etat de la
bourgeoisie impérialiste française et sa police violente tous les jours
les prolétaires, il faut se concentrer sur les quartiers populaires.
La
police est l’instrument de domination de la classe dominante,
c’est-à-dire de la bourgeoisie. Elle a pour rôle de maintenir l’ordre
sociale et donc de maintenir l’exploitation et l’oppression du système
capitaliste. Ainsi, la police ne peut pas être réformée pour être à
notre service, parler de « police républicaine » n’a aucun sens. La
seule manière de mettre définitivement fin aux violences policières
c’est donc de détruire ce système, de renverser la classe dominante pour
établir le pouvoir de notre classe, le pouvoir du prolétariat. C’est
pour cette raison que toutes nos luttes, y compris la lutte contre les
violences policières, doivent être tournés vers l’objectif de la
révolution. Pour mener dès à présent la lutte contre les violences
policières, nous avons aussi le devoir de promouvoir et développer une
auto-défense populaire, une auto-défense dans nos quartiers pour savoir
qu’à partir de maintenant on ne laissera plus faire, qu’on ne se
contentera pas de réagir et de dénoncer après coup mais qu’on va se
protéger dès maintenant.
Les
quartiers populaires sont le bastion du prolétariat. Notre tâche en
tant que maoïstes est de concentrer le travail politique vers les
quartiers populaires au quotidien ; de servir le peuple
concrètement de manière créative sur tous les fronts qui intéressent les
masses et qui vont dans le sens de la révolution ; de montrer l’exemple
par ce travail quotidien de propagande, d’agitation, d’organisation et
d’action que les maoïstes sont des éléments d’avant-garde du prolétariat
disciplinés, fermes et à l’écoute et sur lesquels les masses peuvent
compter en toutes conditions.
«
Un communiste doit être franc et ouvert, dévoué et actif; il placera
les intérêts de la révolution au-dessus de sa propre vie et leur
subordonnera ses intérêts personnels. Il doit toujours et partout s’en
tenir fermement aux principes justes et mener une lutte inlassable
contre toute idée ou action erronée, de manière à consolider la vie
collective du Parti et à renforcer les liens de celui-ci avec les
masses. Enfin, il se souciera davantage du Parti et des masses que de
l’individu, il prendra soin des autres plus que de lui-même. C’est
seulement ainsi qu’il méritera le nom de communiste. »
«Contre le libéralisme» (7 septembre 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.
Ça
n’est que par l’organisation des masses par le Parti armé du
marxisme-léninisme-maoïsme et la construction des trois instruments pour
la révolution que sont le Parti lui-même, le Front et la Force
Combattante que la lutte contre les violences policières pourra
atteindre son objectif final grâce à la mobilisation du peuple et à la
lutte offensive liée aux masses, cet objectif qui est la totale
disparation de ces violences en même temps que le renversement de l’Etat
bourgeois dont elles sont subordonnées. En même temps que la question
des violences de la police au sein de l’Etat impérialiste français, les
communistes doivent poser la question du soutien internationaliste aux
peuples opprimées victimes de l’armée française comme en Syrie, au Mali,
au Tchad, au Niger, au Burkina Faso, en Mauritanie, en Côte d’Ivoire,
au Cameroun… ainsi qu’aux peuples opprimés des colonies françaises
victimes des violences de la police française.
Commémorons les 1 ans de l’assassinat d’Adama Traoré et réclamons Justice !
Justice pour toutes les victimes des violences policières !
Liberté pour Bagui, Yacouba, Dooums et tous les prisonniers politiques !
Force à la famille d’Adama et à toutes les autres familles des victimes !
Contre les violences policières, préparons l’autodéfense populaire !
Toutes et tous à la manifestation samedi 13H00 à Beaumont-sur-Oise !